L’atelier des jolies plumes #3

 Jaclyn Sollars

Jaclyn Sollars

Ça y est, je suis devant le portail de la maison. Un, deux, trois. Allez, je compte jusque 15 et j’y vais. Mais je suis bloquée sur mon siège, tétanisée à l’idée qu’il sera peut être de mauvaise humeur.

Les beaux jours arrivent, je peux de moins en moins camoufler les marques qu’il me laisse et je dois ruser pour trouver des excuses quand on me demande ce qu’il m’est arrivé. Et les bleus à l’âme, je n’en parle même pas. Je suis sur un fil, comme un funambule. Un seul mouvement non contrôlé et je m’effondre.

Quatre, cinq, six. Si seulement j’arrivais à partir, à tourner la clé dans le contact de ma belle voiture et l’envoyer se faire foutre. Mais quelle vie offrirais-je alors à mon fils ? Et quel genre de mère je peux être à me poser ce genre de questions, alors qu’il souffre tellement de notre quotidien ?

Les travaux de la piscine vont bientôt commencer. Dans quelques mois, nous serons la parfaite incarnation de la réussite matérielle, il ne nous manquera qu’un gentil chien pour parfaire le portrait.

Aller, tourne cette saleté de clé et tire toi ! Je vais partir loin, changer de couleur de cheveux, de nom, dire à mon fils que je suis désolée et on recommencera tout comme avant. Comme avant qu’on s’installe ici. On vivra au bord de la mer, loin de tout ce qui nous détruit.

15. J’ouvre la porte. Et je me promets que demain, je compterai jusqu’à 20. Ou jusqu’à ce que j’ai la force de ne pas rentrer.

D.

Ce billet est écrit dans le cadre de l’atelier des jolies plumes, avec pour thème ce mois-ci :

« Parfois notre vie ne correspond plus à ce que l’on espère. C’est souvent dans ces moments que naît l’envie d’ailleurs. Mais vers quel ailleurs se rêve votre personnage et… franchira-t-il le pas ? ».

 

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L’atelier des jolies plumes #3 – Première fois

Rafael Elias

Rafael Elias

Bien sur en arrivant à cette soirée, elles y avaient toutes pensé. La bande était à nouveau réunie, mais pas au complet.

Depuis son départ il y a six mois, impossible de passer une journée sans que son visage ne traverse leur esprit.
Elles l’avaient accompagnée jusqu’au bout sans croire que c’était possible. Mais comment pouvait elle mourir si jeune en laissant sa vie et tous ceux qui l’aimaient ? Depuis lors, il fallait avancer sans trop y penser mais sans l’oublier non plus.
Les hasards du calendrier avaient fait tomber cette fête le jour où elle aurait dû fêter ses 35 ans. C’était ainsi, la vie continue comme on dit. Alors en montant les marches de la maison toutes les quatre, elles n’avaient rien dit car c’était la première fois qu’elles ne lui souhaiteraient pas son anniversaire. La première fois qu’elles ne seraient pas avec elle à une date si particulière. Et ce fut la première fois que ces quatre amies tombèrent les armes et se dirent qu’elles s’aimaient. Car elles avaient perdu une personne à qui elles ne pourraient plus le dire, jamais.

D.

C’était ma première participation à l’atelier des jolies plumes, avec ici comme troisième thème « première fois ». Si vous souhaitez y participer, vous pouvez envoyer un mail à latelierdesjoliesplumes@gmail.com.