Ou comment l’avortement peut être minimisé – Pavé dans la mare

C’est bizarre parfois, le cerveau humain : ça te fait zapper des trucs et les reléguer au fond de ta mémoire et puis tout à coup, ils ressurgissent et généralement quand on s’y attend le moins.

Je me suis souvenue qu’il y a trois ans, j’ai vécu une des pires expériences de ma vie : j’ai fait une fausse couche (ce n’est un secret pour personne autour de moi, c’est pourquoi j’en parle ouvertement ici). Il a fallut me faire un curetage. Ce mot aussi moche que douloureux signifie opération sous anesthésie générale, afin d’aspirer cet œuf qui ne grandissait pas.

Et ce qui m’a frappé, avec du recul, c’est le comportement du personnel médical ce jour là. Ils ne savaient pas mon histoire. Juste le nom de l’intervention, qui est la même que pour un avortement. Et il n’y avait pas marqué sur mon front : je veux être maman mais ça n’a pas marché.

Alors, pour faire sécher mes larmes, on m’a dit : Mademoiselle, vous avez fait votre choix, ça ne sert à rien de pleurer.

WTF ????! Donc, même si j’avais décidé pour une raison qui serait mienne de ne pas garder un enfant, il n’aurait servi à rien de craquer ?? Ce n’est pas parce que l’avortement est autorisé qu’il faut le minimiser.

Moi même je me suis sentie vidée contre mon gré alors que mon œuf était mort. On est venu me l’aspirer et gratter mon intérieur pour laisser place neuve au prochain. Mais quand on fait le choix douloureux de faire partir un cœur qui bat (entendu à l’écho, la plupart du temps), je ne pense pas qu’on n’ait envie d’entendre ce genre de connerie. On est bourrées d’hormones, la sensibilité joue sur la corde raide. On doit bien se poser des questions, se dire qu’on a encore quelques minutes pour se casser d’ici et la donner, cette vie dont on ne veut pas.

Alors, me direz-vous, que devrait-on dire ? Je n’en sais rien. Et moi quand je ne sais pas, je me tais. Un regard compréhensif est parfois bien plus réconfortant qu’une phrase de merde toute faite, histoire de dire qu’on a fait son job. Et visiblement, beaucoup appliquent le dicton : c’est pas parce qu’on n’a rien à dire, qu’il faut pas fermer sa gueule.

C’était mon pavé dans la mare la Mère Caneet mon coup de gueule car je suis pro avortement et surtout pour la diplomatie.

D.

PS : bien évidemment, ne généralisons pas : j’évoque un cas précis et j’espère qu’il ne s’agissait que d’une équipe particulière. Enfin, je l’espère.

125142177

Publicité

17 réflexions sur “Ou comment l’avortement peut être minimisé – Pavé dans la mare

  1. Rhyna Mère Cane dit :

    J’ai moi aussi subit quelques FC et contrairement à toi j’ai toujours refusé le curetage. J’ai préféré souffrir pour expulser mon oeuf. Pourquoi? Parce que je savais que j’allais avoir affaire à des cons! Oui je savais que la procédure était la même pour un avortement et je n’avais aucune envie d’assassiner une infirmière… Comme tu le dis si bien la douleur est la même. Pourquoi enfoncer le couteau dans la plaie?

    • Débo dit :

      pour tout te dire, quand le gyneco a vu qu’il n’y avait pas d’activité cardiaque il m’a dit « on aspire ».
      J’ai demandé à le faire à la maison mais j’ai flippé de me vider. J’étais tellement mal que je voulais que tout se passe vite. Mais heureusement que j’étais entourée parce qu’avec des cons pareils…. on n’est pas aidées !

  2. Ax dit :

    Malheureusement il ne s’agit pas que d’une équipe particulière, les femmes qui choisissent (ou pas) d’avorter sont très régulièrement traitées comme des irresponsables, et leur douleur méprisée.
    Les mentalités sont coriaces à faire évoluer.
    Ax

  3. Lucie Vigouroux dit :

    Un magnifique coup de gueule !!! J’ai aussi fais une fausse couche, c’était à un moment difficile, mon compagnon et moi étions en train de penser à nous séparer et il n’était pas à la maison, j’ai vécu cette FC seule (devant mon fils de 1an), personne ne m’a dis qu’il fallait se faire ausculter après ou qu’il fallait faire un curetage, je l’ai su quelques mois plus tard mais je pense que je n’aurais pas supporter d’aller à l’hôpital, le terme « curetage » est très barbare et me choque beaucoup! J’ai trouvé le personnel du labo, qui m’a annoncé la nouvelle, très bien et surtout très discret que ce soit au téléphone ou au labo. Mon médecin a voulu rester simple et minimiser la chose en disant simplement que la nature a fait ce qu’il y avait à faire, si ça n’a pas marcher c’est que le bébé avait sûrement un soucis …. A ta place j’aurais quand même fais un courrier (anonyme si besoin) à l’hôpital pour dénoncer le comportement ignoble de la personne qui a oser dire ça !

    • Débo dit :

      le seul qui a fait preuve de psychologie fut mon gynéco (mais avant d’arriver à lui au bloc, je suis passée par ces cons)

      merci pour ta contribution !

  4. Alex mama chouch dit :

    j’ai subit 2 fausses couches eyt 1 ivg et dans les deux cas ça n’a pas été facile mais pour les FC j’ai eu un curretage sur mon lieu de travail !!j’avais pris le parti de ne pas en parler de reprendre le travail le lendemain !!! c’était bébé qui avait décidé de ne pas s’accrocher !!!! Par contre pour mon IVG ça a été le parcours du combatant !!le congés de mon médecin !!obligé de voir un remplaçant qui de suite me dit félicitation puis me fait la moral quand je lui dit ne pas pouvoir le garder !!! puis à l’hopital on est dans les locaux de la maternité !! la psy pareil dans la maternité !!! mélangé avec les femmes enceinte !!! puis le chirurgien qui repousse car il va être en congrès donc on me fait mon ivg avec 1 semaine hors délai !!!! là on rentre à 7heures du mat direction la douche de bétadine !!! pour me mettre dans une chambre avec une nana qui fait une IVG médicamenteuse autant te dire que tu as pas envie de lui parler tu te sens coupable fasse à elle !!! puis on te descent au bloc !!! où tu entends les pleurs d’un bébé né d’une césarienne !!! tu craque tu pleure !!! j’ai eu bcp de chance : l’anesthésiste et l’infirmier m’ont soutenu … ce qui n’a pas été le cas des infirmieres !!! et tu vois le 15 aout mon garçon devrait avoir 2ans j’y pense encore car une fois l’acte passé la psy te fait comprendre qu’elle n’a plus à te voir 😦 !!!

    • Débo dit :

      effectivement, je pense qu’on n’oublie jamais. même à ce jour, je pense à chaque 1er janvier à ce bébé qui aurait du pointer le bout de son nez…

  5. Anonyme dans sa tristesse dit :

    Franchement quel manque de délicatesse!
    Il y a plusieurs années alors que j’étais vrmt vrmt très-trop jeune j’ai eu un avortement et malgré le gaz qui est sensé te donner un buzz j’ai chigné tout le long et jamais au grand jamais un membre du personnel ne m’a jugé au contraire! La docteure de la clinique m’a dit qu’elle préférait me voir chigner et vivre mes émotions à ce moment plutôt que je fasse une dépression plus tard!
    Tu es vraiment tombé sur des cons!

    • Débo dit :

      oui il valait mieux extérioriser ! Ce qui me gêne le plus dans tout cela, c’est le « te plains pas, t’as fait ton choix alors ferme-là »… déjà, ce n’était pas le cas, et quand bien même… ça ne se dit tellement pas !
      la docteure que tu as rencontrée a tout compris !

  6. encoreunblogdemere dit :

    La délicatesse du personnel médical en cas de fausse couche, je connais oui 😦 (« Allez arrêtez de pleurer » « regardez l’écran vous voyez bien qu’il n’évolue pas! »), et je suis bien d accord, en cas d avortement, ce choix n’a pas à être commenté et cela ne veut pas dire que ça a été décidé avec facilité ! Les gynécos manquent souvent d’humanité, dommage… Et ce terme « aspiration » brrrrr

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s